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la vie de princesse

Four Kamara
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Four Kamara

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Ses paupières s'ouvrent brutalement sur ce plafond trop haut et ces murs trop blancs. Elle a merdé. Four en est sûre. Elle en a l'intime conviction. Et bientôt, tous les souvenirs de la veille agressent chaque parcelle de cerveau disponible. Elle se passe une paume dépitée le long du visage, puis se résigne à se lever d'un lit beaucoup trop confortable pour sa résilience. D'ailleurs, elle n'a plus ses vieilles fringues de la veille. Ni l'odeur boueuse de la ceinture. Cette Adelheid Löwe n'a pas traîné pour la transformer en caniche bien léché. Passons.

Four sort de la chambre, ne se méfie de rien, pas même du bruit (à quoi bon ? Face à n'importe quoi de trop dangereux, elle est de toute façon morte). Elle finit par déboucher ce qui ressemble à une salle à manger, où des coupelles pleines de denrées diverses jonchent le bois de la table. Elle hausse les épaules. Maintenant qu'elle est là, ça serait stupide de ne pas en profiter... Manger, c'est important. Elle ira ensuite. Retourner la ceinture. Rompre ce lien stupide quelque part entre les deux. Est-ce que c'est possible de le faire à distance ? Pendant que les questions s'enchaînent dans sa tête, elle s'installe pour commencer à piocher.

Elle ne lève les yeux du buffet que lorsque des bruits de pas se font entendre dans le couloir.

« Tu m'as piégée. Dit-elle tout à fait calmement, comme on constate du beau temps. »

Elle a d'autres priorités qu'un lien qu'elle peut briser à tout moment. Son ventre, pour commencer. Nahui, ensuite, qui doit sûrement l'attendre et nourrir quelques envies de meurtre pour s'être faite planter. Encore.

« Vous les jeunes, vous avez vraiment aucune décence. »

Adelheid Löwe est jeune. Four n'est pas la plus fine des observatrices (quoi qu'elle est plus qu'on ne le prétend), l y a des détails qui ne trompent pas. Et puis, elle se souvient, maintenant, dans quel contexte on lui a parlé de cette meuf. Les nouveaux de Nahui, blah blah. Bref. Pour une raison qu'elle réfrène, elle préfère pour l'instant ne pas trop associer son amante à ce qui lui arrive. Ca pourrait mener à des conclusions non plaisantes.

« On est où ? Demande-t-elle quand même. Quel plateau, je veux dire. » 
Adelheid Löwe
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Adelheid Löwe

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Autant pour « expliquer deux trois trucs » et « rencontrer les autres ». Au final, Adelheid s'était contentée de ramener Four au Temple en tâchant de ne pas trop attirer l'attention sur la route. L'un de ses disciples l'avait rejoint à mi-chemin, servant de béquille à sa place pour la recrue qu'elle venait de récupérer... un choix dont elle commençait déjà à douter, mais Rome ne s'était pas construite en un jour.

Du moins, la brune tente de s'en convaincre, quand elle n'est pas occupée par bien d'autres pensées. Réveillée aux aurores, comme à son habitude, elle avait commencé sa journée par une heure de course, accompagnée par une connaissance. Se balader seule dans le quartier n'aurait pas présenté un danger conséquent, mais à force, elle connaît les méthodes de certains. Déterminer ses trajets quotidiens, organiser un guet-apens, une méthode courante : un passage à tabac étant largement suffisant pour l'empêcher de participer aux Jeux de la semaine prochaine. Même avec quelques plongeons dans les bons bassins des Onsens.

Elle rentre dans la salle à manger, encore en tenue de sport et couverte de sueur, pour y découvrir sa dernière disciple en date profitant pleinement de l'hospitalité des lieux. Elle n'est pas tant surprise par sa présence que par l'accusation lui sautant aussitôt au visage. Après un moment de flottement, Adelheid finit de s'essuyer la nuque en silence puis pose la serviette sur le dossier d'une chaise qu'elle tire, s'asseyant devant l'énorme tasse de café l'attendant là.

« Le Temple. Je n'ai piégé personne. Si vous ne vouliez pas être ma disciple, la Faveur n'aurait pas fonctionné, lâche-t-elle seulement après avoir bu une première gorgée, d'un ton parfaitement pragmatique. »

Saisissant la suite de son déjeuner, elle commence à manger tout en jetant l'occasionnel regard perçant à la Sans-nom.

« Voulez-vous vraiment me parler de décence ? Je ne vous ai forcé à rien. »

Du menton, elle désigne la bouteille d'Ambroisie à moitié vide posée au bout de la table. Comme promis, elle ne l'avait pas jeté - pourtant, l'envie de s'en débarasser est bien présente, encore maintenant.

« Je ne conseillerais à personne de consommer cette chose, mais vous faites bien ce que voulez avec vos qans, tant que vous remplissez vos fonctions. »

Enfin, elle lève le nez de son assiette et observe à nouveau Four. Avec des vêtements décents et loin des effluves du Déluge, elle constate avec un certain étonnement que la Sans-nom a un peu plus d'allure. Par Tan'gun, dans d'autres circonstances, elle ne lui aurait sûrement pas dit non.
Soufflant du nez, Adelheid chasse ces pensées parasites en se recentrant sur son repas. Il ne lui reste que dix minutes avant de passer au reste du programme d'aujourd'hui.
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Le temple, hein ? Dommage qu'elle ait été semi-consciente tout du long. Elle aurait su apprécier la visite touristique jusqu'ici. On n'a pas tous les jours l'occasion de visiter les plateaux supérieurs. Même jamais, lorsqu'on s'appelle Four Kamara et qu'on se coltine le genre de réputation qu'elle se coltine. C'est tout juste si elle a déjà visité le Socle, une ou deux fois, pour mater Nahui botter le cul de prétentieux. Faut le dire : c'est sexy. Mais c'est surtout cher. Y a bien que les Sans-noms qu'on entube comme ça, hein. Pas peur de représailles, quand y a aucun parent pour appliquer lesdites représailles.

« Ah... Ca. Fait-elle en roulant des yeux vers la bouteille d'ambroisie. » 

One time thing. Enfin, two times thing, plutôt. Four soupire. On ne sait pas dire s'il s'agit d'exaspération ou de regret.

« C'est dur d'utiliser un truc qu'on a pas. Bref. »

Quand Four est arrivée à la Faille, elle a pris un labeur pourri pour faire de la petite monnaie et échanger des services par ci par là. Maintenant, elle se contente de squatter la caisse du cabinet de l'ordinaire en faisant genre de faire des trucs. Ca fonctionne plutôt bien, tant qu'elle fait aussi genre de garder la Trinité à distance. Toujours est-il que son compteur de qan affiche le plus souvent zéro, car tout ce qui y atterri en décolle aussitôt.

« En parlant de mes fonctions... Je refuse. Merci pour l'hospitalité, et tout ça, mais on m'attend. » 

Elle pousse la chaise et se relève tranquillement. A la teneur de son visage, ce n'est pas une blague. Mais elle n'a pas l'air non plus sur le point de briser la Faveur. Une part d'elle, évidemment, voudrait profiter de tout ce qu'on a à lui offrir. Une autre part de cette part a aussi peur de se faire salement avoir alors qu'elle est sur un plateau sur lequel elle n'est, au demeurant, pas censée être. Si il y a conflit entre Adelheid Löwe et elle, la vigie tranchera en faveur de la pincée.

Enfin, pincée... A en juger par la lecture de ses intentions, c'est peut-être qu'une façade. Four pouffe un peu tandis qu'elle attrape la bouteille d'ambroisie et se dirige vers une porte. Elle finira bien par trouver la sortie en les poussant au fur et à mesure.

« D'ailleurs. Juste au cas où. J'aurais pas dit non non plus. »  
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Adelheid se fige à l'annonce, ses yeux noirs se posant sur la Sans-nom.

« Pardon ? »

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Refuser ses fonctions ? Elle la pensait dotée d'un minimum de bon sens, mais visiblement, ce n'est pas le cas. Son front se barre d'un pli agacé. Elle la suit du regard alors qu'elle s'éloigne, l'air aussi abasourdie qu'ennuyée. Elle ne la retiendrait pas, et elle lui courrait encore moins après - non seulement elle a d'autres chats à fouetter, mais en prime, ce serait particulièrement humiliant.

Adelheid s'essuie le coin des lèvres d'un geste sec, laissant un long soupire lui échapper. Quelle perte d'énergie. Nahui pourrait dire aurevoir à sa vengeance, en tout cas.
Elle lève sa tasse à ses lèvres, avale une première gorgée puis la recrache en manquant de s'étouffer, aux derniers mots de Kamara. Fermant les yeux, elle se masse le front du bout des doigts. Quelle imbécile elle fait, d'avoir oublié le talent de Four.

« Scheiße, peste-t-elle, avec pour seule réponse le bruit de la porte se refermant dans son dos. »

Peut-être reviendrait-elle... Elle n'a pas mis un terme à la Faveur, après tout. Pas encore. Se mordillant le pouce, Adelheid réfléchit. Si le chat de gouttière revenait la queue entre les pattes, l'accepterait-elle à nouveau dans sa demeure ? En vaut-elle la peine ?
Pour l'instant, inutile de trouver réponse à cette question.
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58H plus tard
TW mention d'état second.

Four serait revenue avant si elle n'avait pas été dans le gaz la moitié des 58H. Une autre croisière rondement menée par capitaine ambroisie, cette fois, dans le calme du dortoir de Nahui (plus calme que le sien). Elle aura quand même rencontré quelques-uns de ses colocataires, ce qui l'aura instantanément fait regretter la chambre spacieuse dans laquelle elle s'était réveillée 58H plus tôt. Pareil quand on lui a servi sa ration à la cantine, et qu'elle s'est imaginée ces coupoles remplies de vivres. Bordel. Ils ont vraiment la belle vie, ces cons.

Comme elle hésitait à chaque passage de frontière entre les plateaux, Four hésite à rentrer dans la demeure d'Adelheid Löwe. Ca doit être ouvert, pourtant, parce qu'elle doute que les habitants du temple prennent la peine de fermer à double tour. A la Faille, les voleurs n'ont nulle part où s'enfuir, et des milliers d'ennemis qui pourraient les réduire en cendres... Alors Four toque. Tout bêtement.

Elle a juste le temps de se râcler la gorge qu'on vient lui ouvrir. Elle ne reconnaît pas le visage. Sûrement un autre larbin. Est-ce qu'Adelheid lui a mentionné combien d'autres disciples elle a ? Non. Il ne lui semble pas. Elle a bien mentionné des présentations, cela dit... Si il y a besoin de présentations, il y en a au moins deux autres. Cool. Au moins, elle ne l'aura pas constamment sur le dos.

« Four. La nouvelle. » 

Elle montre son bras où est inscrit le nom de sa nouvelle idole et se fait la brève réflexion que c'est encore plus rétrograde que dans les années 1700. Tout ici est rétrograde pour les sans-noms, de toute façon. Malgré la preuve, on lui bloque le passage. Super. Elle suppose qu'il faut attendre madame monseigneur Adelheid de la très noble maison Löwe. Et quand elle dit elle suppose, elle est sûre, au vu des intentions du videur. Four les les yeux au ciel, presque convaincue de repartir. 
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D'ordinaire, Adelheid se couche tôt - quand ses obligations mondaines ne la forcent pas à modifier ses précieuses habitudes. Ce soir, c'est exactement le sort que lui a réservé le Temple. Une énième soirée passée à faire des courbettes, à feindre l'intérêt pour les démonstrations de pouvoir de tous ces hédonistes amoureux de l'excès. Raccompagnée par l'un de ceux là, elle a finalement réussi à s'échapper avant que la nuit ne tombe tout à fait, prétextant un mal de crâne que rien ne pouvait faire passer.

Un mal de crâne inexistant, mais qui pourrait bien devenir réel, songe-t-elle en arrivant devant le portail de sa demeure. D'un geste de la main, elle salue son partenaire de la soirée, puis s'avance dans l'allée entourée de fleurs. Son faux sourire a disparu en une fraction de secondes, la fatigue se lisant à présent sur ses traits malgré l'épaisseur de maquillage et les paillettes disséminées dans sa coiffure. Le thème, ce soir, était « glamour des années 50 ». Retirant ses gants, elle les balance à son disciple penché à la porte qui, dans un réflexe expert, les rattrape au vol.

« Laisse la rentrer. »

L'ordre claque avec sécheresse. Sa contrariété exsude, tombant sur la première cible venue. Son autre disciple prend ses jambes à son cou sans demander son reste, bien avisé de ne se pas s'en mêler. Elle suit, poussant la porte sans vérifier si Four fait de même. S'arrêtant dans le vestibule, elle se défait de ses chaussures aux talons absurdement haut puis s'approche du large miroir à pieds. Par une série de mouvements emprunts d'agacement, elle se débarrasse de toutes les décorations rutilantes qui retenaient sa crinière sur le haut de sa tête, lâchant les objets scintillants sur une commode.

Dans le même temps, elle jette des coups d’œil brefs à Four dans le reflet du miroir. Elle est tentée de garder le silence, d'attendre une justification pour donner son jugement, mais ses nerfs finissent par céder et révéler son déplaisir.

« Une explication ? »
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Four a survécu grâce à deux qualités : sa meuf, et savoir se taire. En l'occurrence, c'est le moment de se taire, parce qu'il n'y a pas besoin de savoir lire les intentions pour deviner qu'Adelheid a envie de tuer quelqu'un. Four préférerait autant que ça ne soit pas elle. Il y a quand même quelques avantages à ne pas mourir. Genre, être vivant. C'est bien, être vivant. Alors elle suit en silence. Jusqu'à ce que ça tombe. Four pourrait inventer des bobards, lui lécher les pieds pour qu'Adelheid Löwe daigne lui redonner une chance. Mais elle n'en a pas envie.

« Je ne souhaite pas en parler. » 

Ce n'est pas de l'effronterie, ni une tentative d'attirer son attention. Sa voix est tout à fait posée, même respectueuse. Son passif la rend simplement réfractaire à ce genre d'accords où un individu appartient à un autre, car il s'agit clairement de ça et qu'Adelheid Löwe compte s'en servir en tant que tel. Four s'est un peu renseignée, durant ces dernières cinquante-huit heures, et les rumeurs qui courent au sujet de cette idole ne sont pas très glorieuses. Oui, c'est agréable, de vivre dans le faste et d'avoir une intimité, mais la Ceinture, ce n'est pas non plus l'enfer. L'enfer, elle l'a déjà connu.

« Mais je suis prête à... Comment tu disais, déjà ? Remplir mes fonctions. » 

Tout le monde se sert de tout le monde, ainsi va la vie, aussi réfractaire soit-elle. Au moins a-t-elle le soulagement de savoir qu'elle peut briser le lien à tout instant et reprendre sa liberté par le même temps.

« Tu as sommeil. Ou tu es fatiguée. En tous les cas, tu as l'intention de rejoindre ton lit rapidement. Peut-être qu'on devrait reprendre cette conversation plus tard. » 

Gagner du temps. Gagner du temps à ne rien faire et à profiter. C'est son intention à elle, à Four. Et puis, avec un peu de bol, ça passera pour de la sollicitude, et Adelheid Löwe l'aura à la bonne. Elle doute que ça soit le genre à aimer être bordée, m'enfin. Qui sait.

« Je promets de ne pas partir, cette fois. Tente-t-elle un trait d'humour. » 
 
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Adelheid ne sait pas trop à quoi s'attendre, en vérité. Quelle genre de réponse pourrait la satisfaire ? Aucune, assurément. Alors pourquoi prendre la peine de réclamer des explications ? C'est la fatigue qui lui fait perdre son calme, quand d'ordinaire, il n'est pas si facile de la pousser à bout.

Se retournant lentement pour lui faire face, la fille de Tan'gun écoute la Sans-nom tenter de la baratiner. Elle est douée, c'est indéniable.

« Très bien, souffle-t-elle finalement. Mais tu dois comprendre une chose. »

Prenant une grande inspiration, Adelheid croise les bras et tâche de trouver les bons mots, dans l'espoir de ne pas avoir à se répéter vingt fois.

« Je n'ai pas assez de temps pour t'attendre. J'ai trop à faire, trop à accomplir, pour m'arrêter en chemin quand tu t'oublie dans une bouteille. Je n'aurai pas besoin de toi chaque minute de chaque jour, mais quand j'aurai besoin de toi... Tu devras répondre présente. »

Malgré le ton aussi froid qu'impérieux, elle réalise tardivement l'emploi du tutoiement et se passe une main sur le visage, un sourire crispé se formant derrière sa paume.

« Scheiße. Dummkopf. Et arrête d'être aussi familière, marmonne-t-elle avant de se détourner. »

Retirer cette maudite robe, prendre une douche, enfiler une robe de chambre en soie fine et se glisser sous les draps. Voilà tout ce à quoi elle aspire, plutôt que de passer un savon à une assistée de la Ceinture.
Four grille ses chances à une vitesse étonnante. Même le plus rutilant des diamants peut devenir un caillou coincé au fond d'une chaussure. Combien de jours tiendrait Adelheid avant de la renvoyer d'où elle vient ?
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Dès qu'Adelheid a l'intention de l'engueuler, Four voit l'orage et se prépare à l'endurer. Elle ne cille pas. Il y a des mots qu'elle ne comprend même pas. Mais pas besoin d'être devin pour savoir que sa nouvelle idole (elle a toujours autant de mal à se faire à l'appellation) jure. La grossièreté a au moins ça d'universel.

« Je serai présente. Répond-t-elle simplement. Docilement. » 

Le regard ne quitte pas la silhouette. Four a beaucoup d'aplomb, peut se permettre d'avoir de l'aplomb, puisqu'il n'y a aucun suspense : elle lit la situation aussi clairement que de l'eau de roche. Dans les premières années, elle avait plus de mal à suivre le fil des intentions qui s'enchaînent et se chevauchent. Maintenant, c'est un jeu terriblement ennuyant, et un peu de concentration suffit à décrypter très exactement la situation.

« Je ferai ce que tu me diras de faire. Poursuit-elle tranquillement. »

Toujours, son regard suit la silhouette. Four paraît étrangement inflexible, parce que oui, peut-être qu'elle juge un chouïa : ça ne doit pas faire plus de cinq ans qu'Adelheid Löwe est dans la Faille, et déjà, l'éternité ne semble plus lui suffire. Qu'attend-t-on ? Qu'on la plaigne ?

« Mais je ne suis pas là pour te servir de sac de frappe. D'aucune manière. Tu n'as pas assez de temps ?... Pauvre chérie. » 

Four en a essuyé beaucoup, du trop plein d'ambition qui dégouline de la bouteille du mépris. Alors elle reste calme. La voix n'offre aucun relent de sarcasme. Elle est même plutôt résignée. Adelheid Löwe n'est pas différente de ceux de son espèce. Quand madame monseigneur se rendra compte de ça, la chute sera difficile.

« Tu devrais ajouter 'se masturber' quelque part entre retirer ta robe et prendre une douche. Ca te rendrait peut-être plus aimable. »   
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Adelheid s'arrête, main posée sur la poignée. Le ton n'a rien de moqueur ou de provocateur, pourtant les mots sont autant de fléchettes venant se planter dans son dos. Ses poings se ferment et se rouvrent machinalement alors qu'un souvenir la frappe. La maîtresse la regarde de haut, un sourire suffisant aux lèvres, alors que les larmes roulent sur ses joues après une énième moquerie de ses camarades. Pauvre chérie, lâche l'adulte en posant une main sur sa tête. Tout le monde a envie d'avoir un papa spécial, ne t'inquiète pas. Ni sarcasme ni méchanceté dans sa voix, juste la complaisance des adultes.

Un soupire écorche sa gorge. Elle est tentée de jeter l'éponge, maintenant, ici, quant à Four Kamara. Tentée de la foutre dehors comme elle l'a fait avec tant d'autres, de ne pas lui donner une chance de plus. Trop de cartouches déjà grillées. Elle lève une main pour faire danser ses doigts sur la commode ; comme un écho, les bijoux abandonnés là s'agitent soudain, tremblotant par vagues. Leurs pierres précieuses vibrent en réponse au don d'Adelheid. Si elle le désirait, elle pourrait les arracher à leur cerclage et les envoyer s'enfoncer dans la chaire de Four.

Cette pensée répugnante lui fait l'effet d'une piqûre de réveil. Bordel ! Les bijoux retombent, inertes, certains roulant plus loin.  D'où lui viennent ces images ? Le souffle court, il lui faut de longues secondes supplémentaires pour trouver une réponse à lui balancer, un peu au hasard, comme une diversion.

« Je suis bien assez aimable. Peut-être même trop. Tes petits... jeux commencent à user ma patience, lance-t-elle, mais sa voix est plus lasse qu'énervée. »

De quoi Four parlait-elle, déjà ? Ah oui, de masturbation. Adelheid secoue la tête, lâchant un rire criblé de fausses notes. Vite, rebondir et filer de là.

« Cela dit, c'est un excellent conseil, que je vais suivre. »

En t'imaginant à genoux, complète-t-elle dans l'intimité compromise de ses pensées, tout en tournant la tête pour jeter par dessus son épaule un regard lourd de sens. Percevrait-elle cette "intention" ? Elle l'espère - peut-être qu'avec la bonne dose de frustration, la Sans-nom passerait le reste de la nuit à regretter ses mots.

« Bonne nuit, Miss Kamara. »

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10H plus tard

Okey. Peut-être que Four est (re)partie comme une malpropre. L'essentiel, ce n'est pas où elle dort, mais si elle est là dans la matinée, non ? Elle va bientôt le découvrir, elle suppose. L'aurore est à peine levée qu'elle est déjà attablée, entrain de grignoter ici et là. Pour passer le temps. Si ça se trouve, madame monseigneur n'aura pas besoin d'elle aujourd'hui, et elle pourra rentrer directement à la Ceinture. Comme elle n'a pas osé rester la veille, elle préfère, pour l'instant, ne pas traîner plus que nécessaire. Les intentions d'Adelheid Löwe sont floues à son sujet, et on s'habitue trop vite au luxe par procuration. Plus que de se faire jeter, Four détesterait se faire jeter tout en ayant à pleurer ses nouveaux privilèges. Elle a trop pleuré dans sa vie.

Ses yeux ne bifurquent pas lorsque des pas retentissent dans le couloir. Elle est trop occupée à décortiquer le pamplemousse qui lui arrose les mains.

« Alors ? Ma vision vous a-t-elle aidé à mieux dormir, madame monseigneur ? Fait-elle sarcastiquement référence à la veille. »

Hier, Four aurait pu la suivre, renchérir, ou un dérivé de ces deux options. Mais ce n'est pas quelqu'un de naturellement confiant. Et même en ayant une avance sur les actions à venir, voir les pierres et les bijoux trembler lui a douloureusement rappelée le gouffre de puissance physique qui se tient entre elle et les élémentaires.  

« J'espère que vous avez noté l'effort de politesse. Continue-t-elle sur le sarcasme tout en plantant une cuillère dans son pamplemousse. » 

Qu'Adelheid Löwe en profite, parce que ça ne dure jamais longtemps chez elle. Ce n'est pas une question d'irrespect, c'est une question d'habitude. Four parle comme ça ou ne parle pas du tout. Adelheid Löwe devrait déjà être contente, parce que le plus souvent, elle ne parle pas du tout, d'ailleurs. Le plus souvent, c'est surtout qu'elle n'a rien à dire et qu'on a rien à lui dire. Le plus souvent, elle est invisible. Et ça lui va bien.

« Et l'effort de ponctualité. » 

Il n'y a pas d'horaire, donc ponctualité n'est pas le mot exact. Mais ça fait bien sur le papier. Bref. L'important, c'est qu'il fait à peine jour, et qu'elle est là.  
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Four est-elle retournée d'où elle vient ou a-t-elle passé la nuit au Temple ? Adelheid ne prend pas la peine de vérifier, se contentant d'aller dormir. Malgré la fatigue, elle passe sa première heure sous les draps à ressasser leurs discussions, comme un vieux CD tournant en boucle dans le coin de sa tête. À un certain point, l'agacement de ne pas arriver à sombrer finit par la faire se relever et aller chercher un somnifère dans la pharmacie, bien remplie, de la maisonnée. Enfin, le précieux sommeil vient.

Le réveil, en revanche, n'est pas si agréable. Elle entre dans la salle à manger avec une heure de retard sur son emploi du temps, en robe de chambre et arborant une expression encore plus ombrageuse que la veille.
La présence de Four la surprend davantage que les piques lancées par celle-ci.

Adelheid l'ignore un très, très, long moment. Le temps de s’asseoir, de finir une première tasse, de se servir le petit déjeuner et d'attaquer une seconde tasse. Le tout sans jeter le moindre regard à Four.

Quand finalement, elle daigne relever le nez pour le tourner vers la nouvelle disciple, son regard semble peu concerné. Telle est sa nouvelle approche : l'indifférence. La Sans-nom se lasserait certainement de son irrévérence, si elle n'obtient plus la moindre réaction.

« J'ai un rendez-vous à 10h, j'aurai besoin de vos talents. Il y a d'autres tenues dans la chambre où vous avez dormi la première fois. Costume ou robe, vous décidez. Le disciple d'une amie passera plus tard dans la journée pour prendre vos mesures et les adapter, donnez lui vos préférences et il pourra vous faire d'autres vêtements. C'est sur ma note. »

Son regard s'attarde quelques secondes de trop avant qu'elle ne prétende se désintéresser à nouveau. Comme absorbée par son assiette, elle continue de parler sans regarder Four.

« Je vous expliquerai les règles à respecter dans ma maison et quand vous me représentez, c'est à dire tout le temps. Mais pas maintenant, après le déjeuner. »

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Le supplice de l'indifférence et du silence. Très bien. Ce n'est pas Four que ça va déranger. C'est même mieux, dans une certaine mesure. Quand elle parle, c'est pour se défendre. Et la meilleure défense, c'est l'attaque. Mais l'attaque, c'est souvent fatigant. Elle continue de manger son pamplemousse, donc. En silence. Dans le plus assourdissant des silences. Comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est le cas, non ?

« Vous n'auriez pas pu la faire passer sur ma note, de toute façon... »

Ce n'est pas piquant, ou même un poil sarcastique. Il y a exactement zéro qan affiché à son bras. Quant au fait de s'habiller pour bien présenter... Pourquoi pas. Si elle peut garder les fringues ensuite, il y a sûrement moyen de les échanger contre de l'alcool. Ou autres. A voir selon les circonstances.

« Ne vous inquiétez pas. Je ne ferai rien qui vous embarrassera. Je sais ce que les gens comme vous attendent des gens comme moi. »

Peut-être qu'il y a une pointe de tristesse, dans sa voix. Peut-être que c'est seulement un pessimisme navrant hérité de ses premières années. Il y a les puissants, et il y a les autres, ceux qui subissent les puissants. Au moins, elle ne manquera pas de crever de faim, ici. Four ne remarque pas que sa poigne se ressert un peu trop sur le pamplemousse, qu'elle finit d'ailleurs par reposer tout écrasé. C'est sûrement une mauvaise idée, cette histoire de disciple et d'idole. En tous les cas, ça a tous les mauvais relents d'une mauvaise idée. Avec du temps, elle dépassera peut-être ses premières appréhensions. Elle essayera, en tous les cas. Si pas pour elle, au moins pour Nahui, qui semble voir d'un bon œil qu'elle se prenne en main. En quelques sortes.

« Quant à vos règles, tant qu'elles ne sont pas absurdes, il n'y a pas de raison que je les enfreigne. »

Mais les riches et les puissants ont beaucoup de règles absurdes. Alors Four ne compte pas trop dessus non plus. Mettre de la bonne volonté, Four, mettre de la bonne volonté.

« J'ai moi aussi quelques requêtes, si vous permettez. Une seule, en vérité. Vous ne me devez rien, évidemment, mais je vous demanderai juste d'éviter de m'appeler 'miss Kamara'. Je préfère Four. Juste Four. »
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Dans le fond, elle n'aime pas vraiment ça. Devenir ce mur de glace, cette montagne dénuée d'émotions. Mais elle sait à quel point c'est efficace, ayant déjà utilisé cette approche face à l'adversité. Personne doté d'un peu de bon sens ne continue de se jeter sur des murailles trop hautes pour être abattues, personne ne s'use la voix quand la seule réponse est le silence assourdissant.

Comme attendu, Four plie. Ses petites remarques n'ont pas la moitié du venin qu'elles détenaient la veille ; ce sont tout juste des balbutiements qu'Adelheid entend à peine. Aveugle à l'effet de ses mots, la fille de Tan'gun ne réalise pas l'impact de son attitude, voire s'en réjouit. Enfin, un peu de calme et de facilité. Enfin, elle peut aller droit au but sans devoir se lancer dans d'interminables joutes verbales.

Sa satisfaction n'apparaît pas, pourtant. Elle la garde pour elle, préférant l'apprécier en silence qu'à travers les démonstrations d'arrogance adorées par ses paires. Ce n'est rien, comparée au plaisir d'une épreuve remportée. Fière de ses victoires, fière d'être la fille d'un Dieu-Roi, fière d'être arrivée jusqu'ici ; mais pas vraiment fière d'avoir réussi à apprivoiser l'insolence d'une Sans-nom (pour le temps que cela durerait).

Ces histoires de "gens comme vous" et "gens comme moi" la font doucement rire, comme si une enfant lui parlait de choses dont elle ne sait rien. Les "gens d'en haut" à la Faille ne sont pas tout à fait les mêmes que dehors ; surtout, presque n'importe qui peut s'élever avec de la bonne volonté ou au moins se faire respecter (Nahui en est la preuve, Four devrait donc le savoir). La Sans-nom n'a aucune excuse pour son attitude l'ayant gardé parmi les inconnus de la Ceinture pendant si longtemps, mais elle paraît déterminée à s'en trouver.
Peu importe. Adelheid n'a pas le temps pour faire la coach. C'est de sa propre élévation dont il s'agit. Celle de Four est secondaire - encore faudrait-il qu'elle réalise l'opportunité s'offrant à elle via cette Faveur. D'autres auraient donné cher pour l'obtenir.

« Mes règles ne sont pas absurdes, même si certains ont le plus grand mal à les respecter, soupire-t-elle avec un haussement de sourcils, songeant à certains de ses disciples. Et je sais que vous préférez ne pas être appelée comme ça. Je l'ai fait parce que j'étais énervée. Elle coule un long regard à Four. Ça n'arrivera plus. »

Que Four l'énerve ou qu'elle l'appelle ainsi ? À la Sans-nom d'en juger.
Sa faim coupée, elle repose ses couverts et se redresse, sa tasse à la main.

« Je vais me changer. Si vous êtes encore là quand je reviens, je vous expliquerai les règles et quelques autres détails. »
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D'expérience, quand les gens ont du mal à suivre les règles, c'est que les règles sont absurdes. Mais ça, Four le garde pour elle. La remarque ne servirait à rien : Adelheid Löwe a le regard tellement obtus qu'il est impossible de constater de ses propres œillères.

« Merci. »

Elle n'est pas certaine de quoi, mais dans le doute, choisir l'option pour flatter le puissant. La puissante, dans le cas présent. Du reste, il est hors de question qu'elle reste plantée là en attendant madame monseigneur. Elle fait trop tâche. Tout est beaucoup trop propre, beaucoup trop aseptisé, et beaucoup trop spécieux. A l'en rendre mal à l'aise.

« Je vais redescendre à la Ceinture si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Quel est le lieu du rendez-vous ? Je vous rejoindrai directement là-bas pour dix heures. A moins que vous ne préféreriez que je revienne ici pour qu'on y aille ensemble ? »  

Peut-être que ça passerait mieux avec une justification. Peut-être pas. Est-ce que la raison importe vraiment ? Est-ce que ça ne passerait pas simplement pour une excuse ? Une façon d'éviter les règles (qui ne connaît pas les règles ne peut pas les appliquer, après tout), ou de l'éviter elle, d'ailleurs. Son idole.

« Nahui m'attend. »

A priori, les deux se connaissent. Une coïncidence qu'elle préfère éviter de ressasser. Mais une très bonne excuse, ici.  

« Depuis sa dernière, euh, disons, déconvenue, elle aime bien que je l'accompagne. »

Ce que débite Four est nébulaire, et c'est intentionnel : Nahui n'aimerait sûrement pas qu'on s'étende sur ses affaires (quoi qu'elle n'a rien à cacher). Cela dit, Nahui ne l'a jamais obligée à rien. En fait, c'est même Four qui a proposé son assistance. Si elle peut éviter que la seule personne à qui elle tient clamse, ça l'arrange. Parce que la vérité, c'est que Four ne sait pas ce qu'elle ferait sans Nahui.   
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L'agacement se lit à peine le nom est-il prononcé. Les priorités de Four sont évidentes et à des lieux de celles d'Adelheid. Secouant la tête, sa voix claque avant qu'elle ait eut le temps de retenir la réflexion.

« Que je sache, tu n'es pas la disciple de Nahui ? »

Fermant les yeux, elle soupire. Indifférence, a-t-on dit. Pas toujours facile à tenir, surtout quand sa nouvelle disciple passe pour le moment plus de temps à lui taper sur le système qu'à lui être utile.

« Justement, voilà pourquoi j'aurais préféré que tu aie la patience d'attendre que je me change et t'explique... Pas de conflits d'intérêts, c'est la plus importante des règles. Je... "préférerais" que tu ne travailles plus du tout pour elle. Il y a trop de risques qu'elle t'implique un jour dans une affaire qui me concerne. »

Elle s'est forcée à être plus douce, plus conciliante qu'à son habitude. Pourquoi ? Four semble perdue, à l'instant, comme un chien ayant du mal à s'éloigner de son ancien maître malgré l'appât des friandises. Peut-être pourrait-elle être tolérante, juste une fois, et observer les résultats. Elle s'attend cependant surtout à se faire mordre. Tendre la main comporte son lot de risques.

« Vas-y. Mais sois de retour ici pour 9h30, lâche-t-elle finalement avant de s'éloigner. »

9h30. Il faudra bien moins de temps à Adelheid pour s'habiller, faire ses entraînements matinaux, repasser sous la douche et enfiler un costume presque identique à celui qu'elle portait en recrutant Four. En vérité, Adelheid est pressée, presque excitée, à l'idée de voir les talents de Four mis en pratique.
Ce pourrait bien être un piège, après tout, tant l'offre en question est alléchante. L'opportunité parfaite pour voir si la Sans-nom vaut vraiment la peine d'être supportée.
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D'abord, Four envisage de se la fermer, et de laisser couler. Ce serait plus raisonnable de se tirer de là le plus rapidement possible pour revenir à l'heure du rendez-vous, comme il était initialement prévu. Mais finalement, elle décide qu'elle n'apprécie pas ce qu'elle a vu et entendu. Et qu'il vaut mieux mettre directement les choses au clair, pour ne pas que les plaies purulent à l'en tuer. Ce ne serait pas la première histoire du genre. Ni la dernière.

Four tourne les talons et accélère le pas pour arriver à sa hauteur. Elle ne l'arrête pas. Elle ne l'empêche de rien. Et si Adelheid Löwe ne souhaite rien entendre, eh bien...

« Vous devez comprendre... »

Comprendre quoi ? Qu'elles sont ensemble ? Qu'elle prendrait effectivement le parti de Nahui dans un conflit d'intérêt ? Comment formuler les choses de sorte à ne froisser personne ? Elle marche sur des œufs, doit choisir ses mots avec attention, car le moindre pas de travers lui coûtera sans doute le pied entier.  

« J'aurais voulu. Finit-elle simplement par dire. »

Four aurait voulu que les choses soient différentes, ou qu'elles soient exactement comme elles sont. Elle est toujours en bataille avec elle-même sur le sujet, et elle hésite jusqu'au bout sur ce qu'elle va dire pour développer.

« Être sa disciple. C'est la seule personne à qui j'aurais dit oui sans concession. »

C'est la seule personne qui l'a regardée plus de deux secondes sans passer au travers comme si elle était un fantôme ou une moins-que-rien. C'est la seule personne qui l'a vue. Nahui a gagné sa loyauté. Puis a refusé de la lui acheter avec une Faveur qui n'aurait été de toute façon que symbolique.

« Bref. Ce n'est pas la question. Je crois que vous devriez savoir que c'est elle qui m'a incitée à revenir. Parce que c'est le genre de personne qu'elle est. En cas de conflit d'intérêt, elle ne me demanderait pas de choisir. Parce que c'est le genre de personne qu'elle est. Vous n'êtes pas le centre du monde. Et si il arrive un jour qu'il y ait effectivement conflit d'intérêt, c'est que vous aurez fait une erreur. »  

Ca peut être interprété comme une menace, ou ériger Nahui en compas moral, ce qui est hautement douteux, malgré ses actions pour les sans-noms et sa magnanimité inhérente. Selon l'option qu'Adelheid Löwe décidera, cette Faveur-ci prendra un terme plus ou moins rapide...  
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On ne lui a pas parlé ainsi depuis... un certain temps. Depuis qu'elle est passée du Socle aux Jardins. Depuis qu'elle est enfin reconnue pour sa valeur et sa détermination à être à la hauteur de son ascendance. Cependant, Adelheid se ment à elle-même. Si les paroles de Four l’agacent, ce n'est pas parce que son ego prend un sacré coup, mais plutôt parce que la Sans-nom est détachée de la réalité, sa naïveté n'égalant que son amour aveugle pour une figure faussement érigée en sainte.

Ce pourrait être touchant si ça n'était pas aussi irritant. Surtout quand c'est elle qui se trouve accusée d'être à la source de tous les maux, de vouloir causer des tensions là où elles n'auraient soit disant pas lieu d'être. Le petit monde dans lequel Four semble vivre paraît définitivement charmant, mais n'a rien à voir avec la Faille où Adelheid évolue. Dans cette Faille-ci, aussi douloureux que cela puisse être à constater, il n'y a ni saint, ni âme généreuse. Ce n'est pas le dehors, ce n'est pas le monde tel que les demi-dieux l'ont connu avant d'être jetés dans cette arène géante.
Entre tous, Four devrait faire partie des individus les plus réalistes quant à cette réalité - alors pourquoi balance-t-elle de telles idioties ?

« Oh. Nahui n'est pas ce genre de personne, très bien. Dis-moi, quel genre de personne est-elle, dans ce cas ? »

S'avançant pour faire face à Four, Adelheid lève le menton, sourire sardonique aux lèvres. Le tutoiement claque presque naturellement ; elles sont déjà bien au delà de ces considérations, réalise-t-elle tardivement. Après cette conversation, soit Four retournerait à la Ceinture la queue entre les jambes, sans Faveur, soit...
Son sourire disparaît alors qu'elle croise les bras, l'air mortellement sérieuse.

« J'imagine qu'elle n'est pas le genre de personne à vendre ses amies, ses amantes. »

Derrière son expression froide, elle jubile quelque peu d'avoir une si belle occasion. Peut-être l'annonce suffirait-elle à briser les anciens liens de Four, lui offrant un meilleur terreau sur lequel bâtir sa loyauté.

« Je crois que tu devrais le savoir, Four. Le service qu'elle m'a demandé en échange d'informations sur toi n'est même pas de ceux les plus rares à obtenir. Oui, mon nom est écrit sur ton bras et j'ai des exigences que je fais respecter à la lettre, mais je n'ai jamais vendu l'un de mes disciples... J'ai besoin d'avoir confiance en eux et la confiance va dans les deux sens. Les conflits d'intérêt, eux, minent cette confiance. Si tu penses que Nahui ne cherchera pas à t'utiliser pour me faire tomber si quelqu'un la paie assez cher... »

Elle secoue la tête sans finir sa phrase, alors qu'elle jauge la réaction de la Sans-nom d'un oeil critique.
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La révélation la foudroie, la mortifie jusque dans les os. Mais Four n'est tristement pas surprise. Elle en serait venue à cette conclusion bien plus tôt, s'il ne s'agissait pas de Nahui. Elle arrive à se convaincre, un peu dépitée, que ça devait arriver un jour ou l'autre. Et à rebours, beaucoup de morceaux de discussion font désormais sens. 'Prends-toi en main, Four', 'arrête de t'apitoyer', 'il est temps de te défendre'. Les mots résonnent dans sa tête et lui permettent de pardonner Nahui déjà de moitié : ce n'était pas mal intentionné, c'était pour son bien. Et peut-être que oui, peut-être qu'elle lui cherche des excuses. On n'efface pas deux cents ans de loyauté en une phrase.

Il y a quelques secondes de flottement, où le regard de Four se perd dans le flou de l'horizon. Ses instincts lui hurlent d'autant plus fort de rentrer à la Ceinture. Mais son égo est terriblement blessé. C'est sans doute même la première fois qu'elle se figure l'existence d'un égo, à a vrai dire. Ses phalanges se rangent en poings serrés, au même titre que sa mâchoire se contracte. Et puis, tout se relâche d'un coup, en une inspiration salvatrice qui laisse apparaître un visage au plus neutre (et Four n'est jamais vraiment neutre, tout juste blasée, souvent honteuse et pitoyable).

« Je le savais. Débite-t-elle tout à fait sereinement. »  

Les failles qui avaient ébréché sa carcasse ici et là ne sont plus qu'un lointain souvenir. Four est plutôt douée à faire semblant : de longues années d'une jeunesse volée dans une souffrance silencieuse lui auront au moins appris ça.  

« Ce n'est pas personnel. »

Tout est personnel, tout est politique, et rien n'est laissé au hasard dans la Faille. La majorité des demi-dieux qui s'élèvent (à défaut des plateaux, socialement) le font toujours au détriment d'autres de leurs semblables. C'est pour ça que Four ne se mêlait des histoires d'aucun. Jusqu'à récemment.

« Je vais y aller, maintenant. Je reviens pour 9H30, comme prévu. »
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Déception. Four ne réagit guère, comme si la nouvelle lui coulait autour sans la toucher. Adelheid réprime sa frustration, un discret pli tordant le coin de ses lèvres. Soit la Sans-nom est une excellente actrice, soit elle a sur-estimé son attachement à Nahui. À défaut de mieux, elle ne pourra plus prétendre placer cette dernière sur un piédestal, les faits venant démentir ses grandes déclarations.

Adelheid espérait bien plus mais elle se contente d'hocher la tête quand Four fait mine de partir, se détournant à son tour.

Lorsque l'horloge immense trônant au mur du salon affiche 9h30, elle est installée dans l'un des fauteuils, un document en main et une tasse de café dans l'autre. Elle s'interrompt dans sa lecture à la vue de la Sans-nom, pliant le papier avant de le glisser sous un pan de son veston. La liste hypothétique des participants à la prochaine épreuve des Jeux fait partie des informations qu'elle tente chaque semaine d'obtenir, aussi imprévisible puisse-t-elle être.

« Four. Parfait. Installe toi. »

La fille de Tan'gun désigne le fauteuil en face d'elle, de l'autre côté d'une table basse couverte de pâtisseries en tout genre et de bouteilles contenant des liquides attirants.

« Avant toute chose. Les règles dont je te parlais. Déjà, bien présenter : je te l'ai déjà dit, je pense. Toujours être habillée correctement, ne pas attirer l'attention - sauf si tu es prête à régler le problème avec un duel d'honneur. Dis toi que ton humiliation est la mienne. Pas de conflits d'intérêts, pas de travail pour quelqu'un d'autre sauf si je suis au courant. Pas de petites manigances personnelles, mais sur ce point, je ne m'inquiète pas vraiment. Pas de conflits, ni de coucheries, avec les autres disciples. »

Adelheid énumère les différents points avec calme, l'air certaine de ne plus recevoir les protestations de la veille. Peut-être a-t-elle trop d'espoir... Elle rajoute, après un instant de flottement, une précision certes évidente à ses yeux.

« Cette dernière règle s'applique aussi pour moi. »

Et c'est parfois dommage, soupire-t-elle en son fort intérieur, songeant non seulement à l'attrait de Four, mais aussi aux avances répétées d'un de ses disciples - qu'elle n'aurait pas vraiment repoussé, sans son sens impeccable des priorités. Elle s'y était tenue jusqu'ici, cela ne changerait assurément pas pour une Sans-nom.
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